III. Gérer une ressource convoitée et parfois menacée
A. Régler les conflits de l'eau, une utopie ?
1) Des formes multiples de conflits
a) Les conflits locaux d'usage. Il est possible de distinguer les conflits qui opposent le même type d'usager pour une ressource rare comme par exemple deux groupes de nomades autour d'un point d'eau des conflits qui portent sur l'usage même de l'eau.
b) Les conflits régionaux internes aux états. La géographie des fleuves, des sources et des nappes en font des objets chevauchant plusieurs limites territoriales à l'intérieur des états. Lorsque celui-ci est faible, désorganisé ou contesté, les conflits éclatent entre les subdivisions inférieures pour contrôler les ressources en eau.
c) Les conflits internationaux. Le plus souvent la question de l'eau vient se greffer sur des contentieux anciens de nature politique ou religieux. La question du partage des eaux peut servir de prétexte à une intensification du conflit ou d'argument supplémentaire ou d'élément de transaction dans les négociations. C'est surtout une arme médiatique. La possession des ressources n'est pas la seule question même si l'eau sert de frontière dans 264 lieux, la question des responsabilités en cas de pollution se pose souvent comme pour le lac Léman où la France et la Suisse s'accusent mutuellement de causer l'eutrophisation du lac.
2) Des solutions négociées à long terme.
a) Une prise de conscience mondiale. Les citoyens de tous les pays du Monde savent à présent que l'eau est un bien précieux qu'il faut ménager. Les premiers efforts se font dans la voie d'un développement durable qui respecte les ressources en eau : la réduction des gaspillages et une meilleure efficacité de l'irrigation atténueront la demande et allègeront les tensions. L'ONU en rappelant le droit de tous à l'eau potable rend inacceptable l'utilisation de l'eau comme arme stratégique.
b) Des accords bilatéraux. Ils reposent sur le droit international et sont le mode habituel de résolution des conflits par la communauté internationale. La France et la Suisse ont ainsi convenu dans leur différent sur le Lac Léman, dans le cadre de la CIPEL (Commission Internationale pour la Protection des Eaux du Léman) de cofinancer la dépollution du lac et de restaurer le milieu biologique dans le plan 2001-2011.
c) Vers une sécurité collective de l'eau. Les accords multilatéraux associant des acteurs transnationaux permettent de dépasser les limites des accords locaux. Une norme internationale se met en place comme la convention de l'ONU sur les utilisations des cours d'eau internationaux à des fins autres que la navigation de 1997 qui s'applique à 250 bassins hydrographiques, signée ou acceptée par 22 pays d) Par contre, il est toujours délicat de mettre fin à un conflit de l'eau qui recouvre d'autres aspects politiques ou religieux (Israël et Palestine)

B. Mieux gérer les demandes en fonction des espaces
-Mieux gérer les ressources hydrauliques liées à l'agriculture : cela passe par deux changements: de nouvelles perspectives en matière agricoles (tenant compte par exemple des ressources de l'éco-système, voir cours précédent) et de nouvelles techniques en matière d'irrigation (“révolution bleue”, système du goutte-à-goutte)
-Mieux gérer les usages urbains de l'eau: éducation des consommateurs, chasses aux fuites et aux gaspillages (liés aux décideurs et aux plans d'urbanisme), gestion du prix de l'eau, recyclages.
-dans de nombreux cas, cela implique une véritable politique de l'eau au niveau local comme national mais qui aboutit à al privatisation de l'eau:
Elle est mise en place parce que fabriquer de l'eau potable = opération très coûteuse. Rentabilité des investissements modeste, sur un très long terme. Les moyens financiers des opérateurs publics sont en baisse. Privatisation au profit de grandes compagnies, dont les françaises : Vivendi, Suez, SAUR. Concentration là où le marché est solvable : villes. Les compagnies privées ont amélioré le service, seulement pour les riches. Eau coupée aux mauvais payeurs => éviction des plus pauvres. En Afrique robinets et fontaines supprimés. Recours aux marchands privés pour les plus pauvres. Les ONG, les associations essaient de lutter contre cette évolution. Dilemme croissant entre solvabilité et solidarité au Sud. Marché de l'eau embryonnaire. Mobiliser des moyens techniques importants => qui va financer les travaux en conciliant la conservation de l'eau et les besoins des populations démunies?

C. Lutter contre les pollutions
-Pollution agricole: pesticides, engrais; détérioration des nappes phréatiques; Nombreuses contaminations chimiques, très couteuses à traiter, autre solution changement radical d'utilisation
-Pollution industrielle: dans les pays du Nord, pollution restreinte, politique de recyclage des eaux usées; beaucoup plus complexe dans les pays du Sud, surtout les Etas en plein développement industriel
